Accueillir sans discriminer : une 7ème rencontre locale pour l’inclusion des migrants à la Seine-Saint-Denis

Etant en première ligne des mouvements migratoires, les collectivités représentent les premiers points de contact dans les situations d’urgence d’accueil des migrants. Leur enjeu est donc de construire des sociétés résilientes et inclusives garantissant aux personnes migrantes des droits et la possibilité de participer pleinement à la vie locale.

C’est dans ce cadre que le réseau WELDI s’est créé. WELDI – Welcome and Empowerment for Local Dignified Integration, vise à créer des territoires inclusifs et dynamiques permettant l’accueil digne des personnes migrantes. Le réseau se concentre sur l’accueil et l‘accompagnement des nouveaux arrivants tout en contribuant au développement de la société d’accueil, rapprochant ainsi les habitants et les arrivants, luttant contre les préjugés anti-migrants et utilisant les droits humains comme principe fondamental pour des sociétés plus justes.

Le groupe est composé de 10 collectivités européennes, à savoir Utrecht (Pays-Bas) chef de file du réseau, Seine-Saint-Denis (France), Liège (Belgique), Fundao (Portugal), Albacete (Espagne), Timisoara (Roumanie), Cluj-Napoca (Roumanie), Lampedusa (Italie), Sosnowiec (Pologne), Osijek (Croatie). Il a un budget total de 849 943,50€, avec un cofinancement de l’Union européenne de 626 810,93€ pour une durée de 2 ans et demi. 

Depuis juin 2023, le département de la Seine-Saint-Denis a déjà réalisé 6 rencontres avec son groupe local URBACT, accompagné par l’ANVITA, Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants. Composé d’associations, d’élus, d’agents territoriaux, de groupes d’habitants, ce groupe a permis d’avancer sur des problématiques touchant à l’accueil des personnes migrantes au sein du département de la Seine-Saint-Denis. Le 7 février matin, le groupe local s’est réuni à la circonscription de service social de la Courneuve, pour la 7^ème rencontre, sous le thème de la lutte contre les discriminations dans l’accueil des populations migrantes. 

La conseillère départementale déléguée à la lutte contre les discriminations et à la jeunesse, adjointe à la mairie de Saint-Denis et secrétaire de l’ANVITA, Madame Oriane Filhol, a ouvert la séance en rappelant l’implication de la collectivité dans l’accueil des personnes migrantes, enjeu majeur du département de Saint-Denis dont un tiers de sa population est d’origine étrangère. 

La réunion s’est déroulée en trois temps : 

1. Une présentation du contexte, des enjeux et des défis du département sur la question de la lutte contre les discriminations dans l’accueil des personnes migrantes, par la délégation Egalité et Citoyenneté du CD73 et de l’ANVTA : « La lutte contre les discriminations et enjeux migratoires… de qui parle-t-on ? » 

Le département de la Seine-Saint-Denis porte fortement les politiques de lutte contre les discriminations via des politiques participatives, des actions de préventions et d’accompagnement et son observatoire départemental des discriminations et de l’égalité (ODDE). Créé en 2021 et rattaché à la Délégation Egalité et Citoyenneté, il permet la connaissance des discriminations et le déploiement d’actions et de services pour les habitants à travers différents dispositifs. Il dispose notamment de : 

• Baromètre des discriminations avec une enquête annuelle
• Cellule d’alerte discriminations pour les agents du département
• Caravane de lutte contre les discriminations : un dispositif d’aller-vers
• Guides de lutte contre les discriminations

Ainsi, l’ODDE apporte de l’expertise, la partage et permet la construction d’actions pour les habitants. Par exemple, le baromètre a conclu qu’au cours des 5 dernières années, le ressenti discriminatoire des populations migrantes a augmenté de 6 points. 4 habitants sur 10 déclarent avoir été victimes de discriminations en raison de leur origine ou de leur couleur de peau. 49% considère le monde de l’entreprise comme enclin à être discriminant.

2. Une session d’ateliers en petits groupes à partir de 4 récits de vie. Les réflexions des participants se concentraient autour des indicateurs de discriminations, l’accompagnement des victimes et les réponses pouvant être apportées. Les 4 récits évoquaient les thématiques suivantes : l’accès à la santé, le rapport police-justice, les mères célibataires et l’éducation.

3. Un moment de restitution et de conclusion pendant lequel des rapporteurs des ateliers ont pu faire part des discussions au sein de leur groupe.

Lors de cette rencontre, une trentaine de personnes était présente. Chacun a pu échanger lors des ateliers en groupes, pendant les pauses et après la session sur les synergies qu’ils pouvaient entrevoir entre eux pour mieux accompagner les personnes migrantes et lutter contre les discriminations. En effet, avant la participation du département de la Seine-Saint-Denis au réseau WELDI, ces moments de rencontres n’existaient pas. Or, ces temps d’échanges ont permis de créer des liens, des futures collaborations, du travail interacteurs, représentant l’essence même des valeurs véhiculées par le programme URBACT. Ce fut un bel exemple de mise en pratique ! 

Suite aux échanges, de nombreux témoignages mettaient en avant un manque d’informations et de formations des personnes recevant les populations migrantes. En effet, n’ayant pas les bonnes connaissances des services existants et ceux adaptés à leur condition ou statut, les personnes migrantes subissent des discriminations dès leur arrivée, des discriminations similaires à celles qui les ont poussées à quitter leur pays, ne favorisant pas leur inclusion locale. La formation des services accueillants est primordiale pour déconstruire les préjugés afin de mieux accompagner les populations arrivant en France, les soutenir et les orienter. 

Après une 7^ème réunion réussie de son groupe local URBACT, le département de la Seine-Saint-Denis réfléchit déjà à sa 8^ème réunion afin de mobiliser ses partenaires sur une nouvelle thématique liée à l’accueil des populations migrantes.