Les ONG et les initiatives citoyennes s'avèrent être un lien essentiel pour surmonter la défiance croissante entre les administrations publiques et les citoyens. Dans les villes européennes, les différentes formes de coopération entre les villes et la société civile sont de plus en plus importantes pour améliorer la qualité de vie, les services municipaux, la cohésion sociale et la coopération des communautés locales.
Les villes ont également un rôle à jouer. Elles peuvent soutenir ces réseaux locaux en leur donnant accès à des espaces, du matériel, des connaissances et des ressources financières, et en leur offrant des opportunités de coopération. S'ils sont pris en compte, certains facteurs peuvent contribuer à la prospérité des communautés et à la qualité des villes en matière d'égalité des chances. Certains de ces facteurs de réussite sont décrits ci-dessous.
Le pouvoir des écosystèmes citoyens
À maintes reprises, les ONG et les initiatives citoyennes se sont révélées être des alliés solides pour relever divers défis et, par conséquent, pour contribuer au développement urbain durable. Les liens et la coopération entre les organisations locales, la société civile et les administrations publiques peuvent créer de puissantes synergies, non seulement en construisant des réseaux locaux solides, mais aussi en favorisant ce que l'on appelle les "écosystèmes citoyennes ".
"En Europe, il y a de plus en plus. Des centaines de grands projets de plusieurs millions d'euros sont gérés par des ONG et toutes sortes de coopératives et d'acteurs de l'économie sociale. Ce sont eux qui remodèlent nos villes. Il est primordial de percevoir l'échelle à laquelle ces organisations opèrent et donc l’importance de ces acteurs dans nos villes", a déclaré Levente Polyak, cofondateur d'Eutropian et ancien Expert référent URBACT, lors de la conférence The Power of Civic Ecosystems, qui s'est tenue à Ljubljana l'année dernière.
Maison des ONG à Riga (LV)
Dans une publication du même nom, Levente et d'autres auteurs ont étudié comment construire une meilleure coopération entre les administrations publiques et les sociétés citoyennes locales, en présentant des bonnes pratiques dont les villes et les ONG peuvent s'inspirer. La publication s'appuie sur les leçons tirées du réseau de transfert ActiveNGOs, qui a permis à la Maison des ONG à Riga (LV), labellisée par URBACT pour ses bonnes pratiques, d’être adaptée par d'autres villes de l'UE.
La Maison des ONG de Riga est une initiative réussie, dans le cadre de laquelle l'administration locale a saisi le potentiel des écosystèmes citoyens . Coordonnée par la municipalité, elle contribue à une société plus démocratique et plus inclusive en offrant une égalité des chances et un accès à des espaces, des activités, des événements, des formations et bien plus encore. Depuis 2013, la Maison des ONG a atteint différents objectifs en matière d'intégration de personnes d'âges, de groupes sociaux et de nationalités diverses. Tout cela en soutenant les ONG existantes et en favorisant la sensibilisation des citoyens aux affaires locales.
Syracuse (IT) était l'une des villes partenaires d'Active NGOs, qui a eu l'occasion d'apprendre de Riga - et des autres partenaires du projet - et a co-conçu trois nouveaux espaces citoyens dans sa ville. Cependant, la bonne pratique initiale a dû être ajustée afin de correspondre au contexte local. En effet, Syracuse ne disposait pas d'autant de fonds publics et de grandes structures pour soutenir une telle coopération.
Ils ont dès lors co-conçu les espaces avec les associations locales qui les gèrent aujourd'hui. Ils ont formalisé leur collaboration en créant un modèle de gouvernance, appelé "Maison des associations et des volontaires", qui relie les trois espaces citoyens . Un protocole d'accord a été signé par le maire et 27 organisations locales actives afin de garantir une dynamique harmonieuse. Comme l'a également souligné Levente Polyak lors de la conférence, "la coexistence et la collaboration des organisations les rendent plus aptes à utiliser leurs ressources respectives, à les partager, à construire des projets ensemble et donc, d'une certaine manière, à être plus efficaces que si elles agissaient seules".
Les petites villes, en particulier celles qui sont confrontées à une diminution de leur population, peuvent également tirer profit de la mise en place de réseaux locaux solides. Ces dernières années, Idrija (SI) a été une ville en perte de vitesse, qui a souffert de problèmes sociaux et économiques. Pour mieux intégrer les communautés locales, elle s’est orientée pour sa part vers la création d’un salon municipal. Cette pratique inclusive et innovante a été conçue par des personnes de terrain - le Groupe local URBACT, un groupe multipartite de personnes de la ville qui suivent les réseaux URBACT. En participant à deux réseaux, le réseau de planification d'action CityCentreDoctor et le réseau de transfert Re-GrowCity, la municipalité d'Idrija a pu consolider une riche expérience.
Utilisation temporaire comme outil de créativité
Il est important que les villes prennent la mesure du potentiel des ONG et des communautés locales dans la revitalisation des espaces vides. Les initiatives ascendantes peuvent proposer une utilisation temporaire à ces lieux délaissés, ainsi, ils entretiennent les locaux et réduisent certains coûts pour les propriétaires, comme l'entretien.
Une autre ville italienne a bénéficié de la participation à un réseau URBACT pour explorer des solutions innovantes face aux friches urbaines. En outre, en prenant part au réseau de planification d'action de la deuxième chance, la ville de Naples (IT) a adopté une approche participative pour rénover un grand bâtiment abandonné dans la ville. Aujourd'hui, le bâtiment sert de lieu où les citoyens et les initiatives citoyennes sont encouragés à se rencontrer, à échanger et, surtout, à exprimer leur intérêt pour la mise en œuvre de projets pilotes dans le cadre d'une utilisation temporaire. Aucune utilisation permanente n'est prévue pour ce bâtiment, ce qui rend les espaces vivants et en constante évolution. Naples a été récompensée par une bonne pratique URBACT grâce à cette initiative et a ensuite poursuivi son parcours URBACT en dirigeant le réseau de transfert civique eState.
Bien qu'elle ait une longue tradition de gouvernance participative, la ville de Gand (BE) a également beaucoup appris de Naples et d'autres partenaires en participant au réseau de transfert Civic eState. Grâce aux connaissances acquises en cours de route, la municipalité a co-conçu une approche ascendante sur la manière de soutenir les initiatives citoyennes, y compris en fournissant un soutien juridique et administratif. Leur action pilote comprenait l'utilisation temporaire d'une église abandonnée appartenant à la ville. Les citoyens y ont eu accès pour construire leur propre projet avec le soutien des autorités publiques.
Comment les villes peuvent-elles soutenir les écosystèmes citoyens ?
- financer les opportunités de développer des activités et de la coopération avec la ville (des mécanismes de financement stables s'étendant sur plusieurs années peuvent assurer la stabilité des ONG et les aider à se développer et à se professionnaliser). Il peut s'agir de mécanismes de financement novateurs favorisant la coopération plutôt que la concurrence et permettant l'égalité des chances pour tous ; créer un moyen de promouvoir le travail des ONG locales et leurs activités (sur les sites web, les médias sociaux, les journaux mensuels, les panneaux communautaires, etc.) ;
- organiser des ateliers et des conférences, des consultations juridiques et comptables pour aider les ONG à se développer et à se professionnaliser ;
- créer des événements où les ONG peuvent se rencontrer, échanger des idées et établir de nouvelles collaborations ;
- transférer certaines fonctions publiques aux ONG locales, en reconnaissant leur travail et en leur témoignant de la confiance, tout en allégeant le fardeau de l'administration publique et en permettant des approches nouvelles et innovantes ;
- formaliser la coopération entre l'administration municipale et les ONG en signant une lettre d'intention de coopération.
Traduction d'un article soumis par Nina Plevnik le 04/05/2023
