Jasmien Wellens (JW) et Gino Dehullu (GD) représentent la ville de Roulers en tant que partenaires belges du réseau URBACT « Tech Revolution 2.0 ». Ce réseau dirigé par la ville de Barnsley (UK) vise à proposer des bonnes pratiques à des villes européennes post-industrielles de taille moyenne qui cherchent des moyens de développer et de diversifier leurs économies.
Le réseau URBACT « Tech Revolution » engage des villes post-industrielles, pouvez-vous nous dire un mot sur le passé industriel de Roulers ?
GD : Au début du 20emesiècle, Roulers possédait une importante industrie textile qui a perduré jusqu'à la seconde moitié de ce même siècle, ainsi qu'une industrie alimentaire et agricole qui est active encore aujourd'hui. L'alimentation et la santé sont actuellement les deux principales industries à Roulers.
Après la disparition du textile, nous avons essayé de remodeler notre industrie. Nous voulons construire des filières économiques axées sur la santé et l'alimentation avec le développement d’un parc d'innovation dédié au secteur de l’agroalimentaire et une vallée de l'alimentation. La transition que nous menons va dans le sens de l'agriculture urbaine et des nouvelles technologies.
L’introduction de nouvelles technologies bouleverse la nature des emplois disponibles. Par conséquent, Roulers a besoin de développer de nouvelles compétences afin de fournir des employés aux acteurs économiques. Il est cependant difficile de garder les cerveaux à Roulers, car notre seule université est dédiée au domaine des sciences appliquées, les étudiants qui souhaitent se former dans d’autres disciplines sont contraints d’aller voir ailleurs, c'est un véritable défi. Certaines nouvelles entreprises qui travaillent sur la microélectronique et l'intelligence artificielle ont dès lors du mal à trouver des employés. Malgré ces évolutions, il faut cependant souligner que le taux de chômage reste très bas à Roulers.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à vous engager dans URBACT ?
Roulers était déjà impliquée dans plusieurs réseaux URBACT. Pas en tant que ville, mais en tant que région (Midwest). L'expérience a été positive, car dans ce cadre ont été élaborés des plans d'action efficaces que la région a pu mettre en œuvre. Par ailleurs, Roulers fait également partie du comité de pilotage de « Eurotowns ». A cette occasion, nous avons rencontré la ville de Schiedam (Pays-Bas) qui était membre de l'URBACT « Tech Revolution 1.0 ». Ceux-ci nous ont présenté l’initiative ainsi que l’opportunité que représentait le réseau de transfert « Tech Revolution 2.0 ». Cela a conduit à un premier contact avec le « leadpartner », Barnsley. Plus tard, nous avons posé notre candidature et avons été choisis comme partenaires belges de « Tech Revolution 2.0 ». En outre, il y avait des liens et des similitudes entre les deux villes. Comme Roulers, Barnsley coopère avec une bibliothèque et un centre de médias numériques. Pour nous, il est très utile d'apprendre d'eux et d'adapter, de traduire ces éléments dans notre ville. Dans le cadre de cette collaboration, nous travaillons sur un troisième secteur qui est celui du shopping. Le shopping, la nourriture et le vélo sont trois marqueurs de la ville.
Réunion transnationale à Roeselare 2 - 3 mars 2022
Comment l'expérience de Barnsley aide-t-elle votre réflexion ?
JW : Gino a été à Barnsley et j'y vais la semaine prochaine. Il est très important de comprendre les bonnes pratiques. Nous avons remarqué qu'une visite physique est très importante et qu'il me manquait certaines connaissances que Gino avait, car il a visité la ville et pas moi.
Comme Barnsley, avez-vous un projet pilote sur lequel vous pouvez tester votre plan ?
JW : Nous sommes toujours en train d'explorer les possibilités. C'est aussi pour cela que je vais à Barnsley, parce que je suis aussi le chef de projet maintenant dans ce projet et que nous nous cherchons encore. A Roulers, nous appliquons déjà beaucoup de bonnes pratiques, il s'agit maintenant de combler les lacunes.
Nous avons comme projet d’organiser un événement sur l'alimentation au sens large. Nous en discutons, mais ce n'est pas quelque chose que nous pouvons appeler un projet pilote.
Vous avez accueilli une rencontre transnationale en mars, quels ont été les apports de cet événement ? Comment sont les relations au sein du réseau ?
JW : Chaque rencontre transnationale est organisée en équipe avec un thème central. Après discussion avec notre expert URBACT Alison Partridge, nous avons décidé de parler des écosystèmes économiques. Des visites d’acteurs ont été réalisées dans ce cadre. Par exemple, Agrotopia qui est une serre construite sur le toit de bâtiments existants et qui est, avec ses plus de 8000 m², le plus grand centre de recherche et de développement pour l'horticulture en Europe. C'est donc quelque chose d'innovant. Nous avons également visité RSL op Post, un centre qui réunit de multiples acteurs et où la circularité joue un rôle déterminant. Par ailleurs, les participants de l’évènement ont rencontré un de nos ULG (Groupe local URBACT). Et bien sûr, nous avons eu des ateliers qui ont été organisés par Alison, notre expert, et par leadpartner Barnsley.
Le public était assez large, de nombreuses parties prenantes avec lesquelles nous collaborons pour le projet et d'autres chefs de projet européens de Roulers ont répondu présents.
Avez-vous des liens avec d'autres projets européens ?
JS : Nous discutons parfois avec d'autres projets, mais je ne pense pas qu'il y ait un lien direct. Nous discutons ensemble et faisons un peu de brainstorming, car je travaille aussi sur d'autres projets. Nous avons quelques projets Interreg (Sharepair) par exemple.
Réunion transnationale à Roeselare 2 - 3 mars 2022
Selon vous, quels sont les autres atouts d'URBACT ?
JW : Il y en a beaucoup. Il y a eu un capacity building à Paris il y a deux semaines. Nous avons procédé à une réflexion de mi-parcours qui a été très fructueuse. Nous avons un très bon soutien de notre expert Alison et de Barnsley également. Nous avons eu des ateliers très instructifs. Les outils URBACT sont également très utiles. Cependant, il serait intéressant d'avoir une réunion avec les membres du premier réseau « Tech Revolution ». Ce serait quelque chose à planifier.
Quel est le degré d'avancement de votre plan d'action ? Qu'est-ce qui est prévu pour les mois à venir ?
JW : C'est quelque chose sur lequel il faut constamment travailler. Comme nous faisons partie d'une unité stratégique de la ville, nous avons besoin de la contribution du département économique. Nous allons discuter avec eux, c'est une affaire en cours. Nous espérons terminer avec un plan d'action clair et nous espérons faire office de pilotes dans les semaines à venir.
GD : Nous espérons qu'après ce réseau, une fois notre plan d'action terminé, nous aurons de bonnes idées pour les prochaines élections locales de 2024. Nous souhaitons utiliser ce plan pendant la nouvelle législature, nous pourrons nous appuyer sur celui-ci pour faire du bon travail.